Le streaming a changé la manière dont les artistes gagnent leur vie. Derrière les milliards d’écoutes, les revenus réels sont souvent loin de ce qu’on imagine. On t’explique ici combien un rappeur peut réellement toucher grâce aux plateformes.
En résumé :
On t’aide à comprendre comment les écoutes se transforment (ou non) en argent pour les rappeurs, selon leur notoriété, leur contrat et la plateforme utilisée.
Tu découvriras :
- combien gagnent les rappeurs français les plus célèbres
- pourquoi le streaming ne rapporte pas la même chose à tous les artistes
- combien valent concrètement les écoutes sur Spotify, Deezer ou YouTube
- les stratégies que les rappeurs adoptent pour rentabiliser leurs streams
Pour les calculs, on s’est servi du calculateur streaming Music Connect qui analyse les revenus selon la plateforme.
Estimations Spotify par paliers
Pour donner un ordre de grandeur on part d’un taux moyen estimé à environ 0,003 € à 0,004 € par écoute :
- À 10 000 streams → 10 000 × 0,003€ = 30 € et si on prend 0,004€ = 40 €
- À 100 000 streams → 100 000 × 0,003€ = 300 € ou à 0,004€ = 400 €
- À 1 000 000 streams → 1 000 000 × 0,003€ = 3000 € ou à 0,004€ = 4000 €
Les revenus des rappeurs français
Les revenus générés par des morceaux de rap :
- Bande organisée de Jul (feat SCH, Kofs, Naps…) a dépassé les 100 millions de streams et obtenu la certification double diamant. Si l’on applique notre estimation de 0,003€ par stream, 100 000 000 × 0,003€ = 300 000€ de recettes brutes.
- Die de Gazo a été certifié single de diamant après plus de 50 millions de streams. À 50 000 000 × 0,003€ = 150 000€ bruts.
- La vie qu’on mène de Ninho est l’un des titres les plus streamés du rap français. Si on suppose 50 millions de streams aussi, cela reviendrait à l’ordre de 150 000 € bruts selon notre estimation.
La rémunération Spotify mensuelle des rappeurs par nombre d’auditeurs
Maintenant, voici une estimation des revenus Spotify en fonction du nombre d’auditeurs mensuels, en partant de ton hypothèse qu’un auditeur écoute en moyenne deux morceaux par mois du même artiste.
La moyenne de rémunération sur Spotify France tourne autour de 0,0035€ par stream (valeur médiane entre 0,003€ et 0,004€).
| Auditeurs mensuels | Nombre estimé d’écoutes (x2) | Revenu brut estimé (à 0,0035€/écoute) |
|---|---|---|
| 10 000 auditeurs | 20 000 écoutes | 70€ |
| 100 000 auditeurs | 200 000 écoutes | 700€ |
| 500 000 auditeurs | 1 000 000 écoutes | 3 500€ |
| 1 000 000 auditeurs | 2 000 000 écoutes | 7 000€ |
| 5 000 000 auditeurs | 10 000 000 écoutes | 35 000€ |
| 10 000 000 auditeurs | 20 000 000 écoutes | 70 000€ |
Voici la rémunération streaming des rappeurs français les plus célèbres :
- PNL : environ 4,7 millions d’auditeurs → environ 33 000€/mois
- Jul : environ 9 millions d’auditeurs → environ 63 000€/mois
- Booba : environ 5 millions d’auditeurs → environ 35 000€/mois
- Ninho : environ 6,8 millions d’auditeurs → environ 48 000€/mois
- Damso : environ 6,6 millions d’auditeurs → environ 46 000€/mois
Les revenus du streaming, une illusion de richesse
Un modèle économique basé sur le volume
Le streaming repose sur un principe simple : plus un morceau est écouté, plus il rapporte. Sauf que le prix d’une écoute est minuscule. En moyenne, Spotify reverse entre 0,003€ et 0,005€ par écoute. Pour gagner 1000€, il faut donc environ 250 000 streams. Ce modèle favorise les artistes qui génèrent des volumes massifs, pas forcément ceux qui ont une base fidèle.
Le rap, qui domine les classements de streaming en France, semble avantagé. Pourtant, seuls quelques noms trustent réellement les revenus. Les stars comme Jul, Ninho ou Gazo cumulent des centaines de millions d’écoutes, quand la majorité des rappeurs stagnent sous le million.
Combien rapporte une écoute sur chaque plateforme
Chaque service de streaming a son propre mode de calcul. Les montants peuvent varier fortement selon la plateforme, le pays d’écoute ou le type d’abonnement (gratuit ou premium). Voici une estimation moyenne des gains par écoute :
| Plateforme | Gain moyen par écoute | 1 million d’écoutes rapporte environ |
|---|---|---|
| Spotify | 0,003€ à 0,005€ | 3000€ à 5000€ |
| Deezer | 0,004€ à 0,006€ | 4000€ à 6000€ |
| Apple Music | 0,007€ à 0,01€ | 7000€ à 10000€ |
| YouTube | 0,0007€ à 0,001€ | 700€ à 1000€ |
YouTube, souvent considéré comme une vitrine gratuite, reste le plus faible en termes de revenus. Pourtant, il reste indispensable pour la visibilité et la notoriété d’un rappeur.
Pourquoi les chiffres du streaming sont trompeurs
Les classements et certifications donnent l’impression que le streaming est une mine d’or. En réalité, les chiffres bruts ne disent rien des revenus nets. Les streams ne rapportent pas tous la même somme et surtout, les revenus sont souvent partagés entre plusieurs acteurs : label, distributeur, manager et parfois même co-auteurs.
Beaucoup d’artistes indépendants témoignent de leur difficulté à vivre du streaming seul. Certains expliquent devoir atteindre plusieurs millions d’écoutes par mois pour espérer un revenu décent. Ce modèle crée une forme d’illusion de richesse où seuls les plus gros gagnent réellement.
Les différences selon le statut des rappeurs
Artiste indépendant ou signé en label : qui gagne le plus
C’est une question que beaucoup se posent. Mieux vaut être signé en label et profiter d’une grosse machine de promo, ou rester indépendant et toucher l’intégralité des revenus ? Tout dépend du niveau de notoriété et de la stratégie de l’artiste.
Un rappeur signé dans un label majeur comme Universal ou Warner touche souvent entre 10% et 20% des revenus générés par ses streams, le reste allant au label pour rembourser les avances, la promotion et la distribution. À l’inverse, un artiste indépendant garde généralement 70% à 90% des gains, mais il doit financer lui-même la production, la communication et les clips.
Pour en savoir plus à ce sujet, consultez : Combien coûte la production d’un album ? Le dossier Culturap
Les plateformes comme DistroKid ou TuneCore permettent à de nombreux rappeurs de distribuer leur musique sans intermédiaire. Cette autonomie attire de plus en plus de jeunes artistes qui préfèrent gagner moins au début mais garder le contrôle total de leurs revenus.
La part réelle que touche un rappeur après les intermédiaires
Même quand un morceau explose en streaming, la somme reçue sur le compte de l’artiste est souvent bien inférieure à ce que les chiffres laissent croire. Entre les taxes, les commissions du label, les droits d’auteur et la rémunération du manager, un rappeur peut finir par ne toucher que 20% du total généré.
Prenons un exemple concret : un titre qui atteint 10 millions d’écoutes sur Spotify peut rapporter entre 30 000€ et 50 000€. Sur ce montant, un artiste signé en maison de disques peut n’en percevoir que 6000€ à 10 000€. Pour un indépendant, la part monte à environ 35 000€, mais à condition d’avoir géré seul la promotion et la diffusion.
L’impact des plateformes sur les revenus des petits artistes
Les algorithmes jouent un rôle majeur dans la visibilité. Les playlists éditoriales peuvent propulser un titre inconnu en tête des écoutes du jour. Mais sans cet appui, les morceaux restent invisibles.
Les plateformes favorisent aussi les artistes déjà populaires, car leurs écoutes assurent un flux régulier de revenus. Cela crée une sorte de cercle fermé où les gros deviennent encore plus gros. Les petits rappeurs doivent alors redoubler d’ingéniosité pour percer : multiplication des singles, collaborations, storytelling sur les réseaux sociaux ou diffusion de freestyles viraux.
Par : Music Connect
