Le rap français pleure l’un de ses artistes les plus marquants
Le monde du rap francophone vient de perdre une figure incontournable. Werenoi, de son vrai nom Jérémy Bana Owona, s’est éteint le samedi 17 mai 2025 à l’âge de 31 ans. Son producteur, Babs, a confirmé la triste nouvelle en publiant un sobre et poignant “Repose en paix mon frère” sur les réseaux sociaux.
Repose en paix mon frère je t aime !!!
— Babs -Plr Music (@PlrMusic) May 17, 2025
L’artiste, qui avait été hospitalisé après une soudaine dégradation de son état de santé, serait décédé à la suite d’une défaillance cardiaque, selon plusieurs sources, dont le blogueur Aqababe. À l’heure actuelle, les causes exactes du décès n’ont pas été officiellement communiquées par la famille.
Une ascension fulgurante et un talent indéniable
Issu de Montreuil, et fier représentant de ses racines camerounaises, Werenoi s’est imposé comme l’un des plus grands vendeurs de disques en France.
En 2023, son album Carré s’est hissé en tête des ventes nationales, avant que son projet Pyramide ne confirme son règne en 2024, avec 276 968 exemplaires écoulés, surpassant des poids lourds comme Jul, Taylor Swift, Indochine ou Zaho de Sagazan.
🎤 Révélé avec le morceau “Guadalajara”, Werenoi avait rapidement conquis les cœurs grâce à son authenticité et sa musicalité singulière. Couronné révélation masculine de l’année aux Flammes 2023, il avait multiplié les collaborations prestigieuses, notamment avec Ninho, Tiakola et Aya Nakamura.
Un artiste discret, sincère et profondément respecté
Malgré une carrière fulgurante, Werenoi cultivait une rare discrétion médiatique, préférant laisser parler ses textes. Toujours vêtu de ses lunettes teintées et arborant un visage impassible, il réservait l’expression de ses émotions à ses concerts, où l’intensité de ses performances parlait pour lui.
Dans une interview accordée au Parisien en janvier 2024, il déclarait avec humilité :
“Être numéro un, c’est une surprise, mais ça prouve qu’on a bien bossé. On ne l’a pas fêté. Il faut garder les pieds sur terre, c’est l’éducation que j’ai reçue.”
Son éthique de travail était impressionnante :
“Je passe quasiment ma vie en studio. Le succès est arrivé vite, mais il repose sur énormément de travail.”
Fidèle à lui-même, il affirmait aussi :
“Je préfère garder ma vie privée. À trop parler, on peut dire ce qu’on ne veut pas. Je laisse mes textes parler pour moi.”
Un porte-voix pour toute une génératio
Werenoi n’était pas simplement un artiste à succès. Il était un symbole, une voix pour des milliers de jeunes en quête de reconnaissance. À travers des textes puissants et sincères, il peignait les réalités de la rue, les aspirations, les blessures et la fierté d’une jeunesse souvent invisibilisée.
Le maire de Montreuil, Patrick Bessac, a salué “une voix marquante, sincère et indélébile” :
“Il portait haut les couleurs de Montreuil et, au-delà, celles d’un vécu partagé par tant de jeunes.”
Un choc pour ses fans et la scène rap
La nouvelle de son hospitalisation avait déjà bouleversé ses admirateurs. Le 15 mai, Werenoi devait se produire en showcase, mais son absence avait alerté les fans. Le lendemain, des rumeurs inquiétantes sur son état de santé, notamment une mise en coma à cause d’un problème respiratoire, ont envahi les réseaux sociaux. C’est le blogueur Aqababe qui a déplorablement révélé l’information sans avoir le consentement de la famille de l’artiste.
Le silence de sa famille, et le message énigmatique posté par la compagne de son manageur, ont accentué l’inquiétude jusqu’à la confirmation officielle de son décès.
Un héritage durable
Avec seulement quelques années de carrière, Werenoi laisse derrière lui une trace indélébile dans le paysage musical français. Son œuvre, sa voix, sa posture discrète mais forte continueront de résonner longtemps. Il n’était pas seulement une étoile montante : il était un pilier en construction du rap français.
Ses mots, sa sincérité, son engagement artistique ont touché une génération entière. Repose en paix, Werenoi. Ton art continue de vivre.