Il y a des moments, lors d’un concert, où la musique semble transcender le simple espace sonore. Elle devient matière, presque visible, peignant l’air autour de nous. Louis, artiste visuel, explore cette alchimie : comment la musique peut-elle façonner des images, et comment ces images, amplifient l’expérience sensorielle des spectateurs.
« La musique est une force invisible qui résonne en nous », explique-t-il. « Mon rôle, est de rendre cette force tangible, de lui donner une forme, une couleur, une texture. Je ne me contente pas d’illustrer la musique, je fais en sorte que l’image devienne une part intégrante de celle-ci. »
Il a perfectionné cette symbiose entre son et image au fil de ses collaborations avec des artistes comme Poupie, DTF, ou Romsii. Pour chaque projet, son objectif est toujours le même : capter l’essence de la musique et la retranscrire visuellement de manière unique.
L’Olympia de Poupie
Le concert de Poupie à l’Olympia en 2022 a marqué un tournant dans son parcours. « Poupie est une artiste qui dégage une énergie brute, presque indomptable, raconte Louis. Collaborer avec elle, c’était comme tenter de capturer la foudre. »
Pour ce projet, il travaille sur After ou encore Blender, un logiciel lui permettant de sculpter des mondes visuels en 3D, fluides et dynamiques. « Blender m’offre la liberté de créer des environnements qui réagissent. Son univers spatial de son premier album, se mariait parfaitement avec les textures numériques que j’ai créées. »
Derrière chaque effet, il y a une réflexion sur la manière dont la lumière et les formes incarnent les émotions véhiculées par la musique. Ce n’était pas juste une projection, c’était l’énergie de Poupie transformée en images vivantes. »
La complexité de l’univers de DTF
Avec DTF, il a exploré un tout autre univers. Leur musique, à la fois poétique et urbaine, réclamait des visuels plus introspectifs. « Leur son est une exploration de l’âme urbaine, une juxtaposition de brutalité et de sensibilité. Pour capturer cette dualité, j’ai choisi des visuels évoquant des paysages urbains fragmentés, à la fois durs et éthérés. »
Grâce à Blender, Louis a créé des environnements 3D mêlant réalité et abstraction, renforçant la dimension émotionnelle de chaque morceau. « Avec DTF, les visuels ne devaient pas simplement accompagner la musique, mais révéler des significations cachées. Pour cela, nous avons travaillé avec le set designer Chaps, notamment sur une sphère de deux mètres de diamètre, sur laquelle étaient projetés les visuels, ajoutant une nouvelle dimension à la scène. », « Avec DTF, il était crucial que chaque visuel ajoute une profondeur, une nouvelle perspective à la musique. »
Romsii et la Gaîté Lyrique : Au-delà des limites
Le projet avec Romsii à la Gaîté Lyrique représente l’un des moments phares du travail de Louis. « Ce projet a repoussé les limites de ce que je pouvais accomplir. Nous avons créé un univers entier, où le public était immergé dans une expérience à 360°, entouré de visuels mouvants. »
Le public, littéralement englouti dans cet univers visuel, s’est laissé porter par l’harmonie entre les sons envoûtants de Romsii et les images projetées autour de lui. Chaque note semblait appeler une réaction, un mouvement d’image, immergeant totalement les spectateurs dans une expérience sensorielle unique.
Pour cette performance, Blender a été utilisé pour concevoir des avatars virtuels de Romsii, projetés en 360° autour du public, créant l’illusion d’une infinité de « Roms » évoluant dans un espace digital. « Une expérience immersive à 360° t’oblige à repenser totalement la manière d’aborder l’espace et le temps dans la création visuelle. Chaque direction où le spectateur portait son regard ouvrait une nouvelle facette de l’histoire que nous racontions.
Au-delà de l’aspect technique, Louis a cherché à offrir un véritable spectacle. « L’immersion à 360° n’est pas qu’un défi technologique, c’est une manière de symboliser le voyage intérieur que la musique nous fait vivre. Ce soir-là, chaque spectateur est devenu une partie de l’œuvre. »
L’image comme extension de l’invisible
Ce qui distingue Louis dans son approche des visuels de concerts, c’est sa volonté de rendre au plus fidèle l’univers de l’artiste. Pour lui, l’image n’est pas un simple accessoire de la musique, mais une extension naturelle de l’artiste, une manière de dévoiler ce que seul le son ne peut capturer.
« Mon travail consiste à leur donner corps. Parfois, cela prend la forme de lumières dansantes, parfois c’est une ombre subtile qui glisse sur la scène. L’essentiel est que
l’image reste fidèle à la musique, qu’elle en soit le reflet. »
Conclusion : Quand la musique façonne l’image
Au cœur de la philosophie de Louis Guichard se trouve une idée simple mais puissante : la musique façonne l’image, tout comme l’image façonne notre perception de la musique. Cette relation ne se limite pas à un jeu de cause à effet, c’est une véritable symbiose où le son et l’image se nourrissent mutuellement pour créer une expérience sensorielle complète.
Dans un futur où les technologies immersives offriront des possibilités infinies de création, Louis imagine un monde où la musique et l’image ne feront plus qu’un. « L’avenir des concerts réside dans l’immersion. Pas seulement technologique, mais émotionnelle, où chaque spectateur devient un acteur de l’œuvre. »
Si la musique peut créer l’image, c’est grâce à des artistes visuels comme Louis Guichard, qui savent capter cette magie invisible et la transformer en une expérience inoubliable, façonnant de nouveaux horizons pour l’art des concerts.