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mercredi 22 octobre 25

Guy2bezbar s’exprime enfin sur la controverse du colorisme : ‘C’est une douleur profonde

Le rappeur parisien Guy2bezbar a brisé le silence. Trois ans après une polémique retentissante qui l’avait éclaboussé en pleine ascension, l’artiste originaire de Barbès a choisi de revenir sur cette affaire de colorisme qui avait enflammé les réseaux sociaux. Lors de son passage dans l’émission CKO ce dimanche 19 octobre, le chanteur congolais a livré sa version des faits avec une sincérité désarmante, évoquant une douleur profonde causée par des accusations qu’il juge injustes et infondées. Cette controverse remonte à 2022, quelques mois après la sortie de son projet Black House, quand deux femmes ont affirmé avoir été refusées à l’entrée de sa loge lors d’un showcase, prétendument en raison de leur couleur de peau. L’affaire avait rapidement pris une ampleur considérable, touchant au cœur d’un débat sensible au sein de la communauté noire : celui des discriminations basées sur les nuances de carnation. Pour Guy2Bezbar, dont l’expression artistique célèbre justement ses racines africaines et la diversité de la culture urbaine, ces accusations résonnaient comme une trahison. Aujourd’hui, alors qu’il vient de sortir son nouvel album Jeunesse dorée le 3 octobre, featuring notamment Aya Nakamura et SDM, le rappeur a décidé qu’il était temps de poser les mots sur cette blessure qui a impacté ses proches et sa famille.

Quand la controverse éclate : retour sur les accusations de colorisme

Tout commence après un showcase en 2022. Alors que Guy2bezbar vient de terminer sa prestation, une polémique surgit sur Twitter : deux femmes affirment avoir été empêchées de monter dans sa loge par la sécurité, qui leur aurait explicitement dit que l’artiste ne voulait pas de femmes noires à ses côtés. L’information se propage comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague d’indignation.

Le colorisme, cette forme de discrimination intra-communautaire qui privilégie les peaux claires au détriment des carnations plus foncées, est un sujet brûlant dans la musique urbaine et au-delà. De nombreux artistes afro-descendants ont été critiqués pour leur préférence affichée pour des partenaires à la peau claire dans leurs clips ou leur vie personnelle. Dans ce contexte déjà électrique, les accusations contre Guy2Bezbar ont trouvé un écho immédiat.

Pourtant, le rappeur assure n’avoir jamais été mis au courant de cet incident en temps réel. Il découvre l’affaire le lendemain sur les réseaux sociaux, alors que sa communauté s’enflamme déjà. “Je n’étais pas au courant, j’ai vu ça le lendemain sur Twitter“, confie-t-il à CKO, visiblement marqué par cette expérience. Ce décalage entre l’accusation et la réalité vécue par l’artiste illustre la vitesse à laquelle une controverse peut exploser à l’ère des réseaux sociaux, sans vérification préalable.

L’impact dévastateur sur sa famille et son entourage proche

Si Guy2Bezbar a choisi de garder le silence pendant trois ans, c’est précisément pour éviter d’alimenter un drama qui lui échappait. Mais ce silence avait un coût. “Ça fait mal quand mes sœurs, ma mère me posent des questions“, confie l’artiste avec émotion. Cette dimension familiale de la douleur est rarement évoquée dans les polémiques qui touchent les personnalités publiques, pourtant elle est bien réelle.

Pour un artiste dont l’identité est profondément ancrée dans ses origines congolaises et son quartier de Barbès, être accusé de colorisme représente une atteinte particulièrement violente. Sa prise de parole tardive s’explique par cette volonté de protéger ses proches tout en préservant sa santé mentale face à une accusation qu’il juge profondément injuste et non fondée.

Le rappeur souligne également l’absence totale de preuves concrètes. Les deux femmes à l’origine de la polémique n’ont jamais fourni d’éléments tangibles pour étayer leurs affirmations. “Ces deux personnes n’ont jamais fait de tweet pour prouver par A + B“, insiste Guy2Bezbar, rappelant l’importance de la vérification factuelle avant de porter des accusations aussi graves.

Le colorisme dans la musique urbaine : un débat qui dépasse Guy2bezbar

Cette affaire s’inscrit dans un débat plus large qui traverse toute la communauté noire et particulièrement le monde de la musique urbaine. Le colorisme, héritage direct de l’esclavage et de la colonisation, continue de structurer les rapports sociaux au sein des populations afro-descendantes. Dans l’industrie musicale, cette problématique se manifeste notamment dans la représentation des femmes dans les clips vidéo.

De nombreux rappeurs ont été pointés du doigt pour privilégier systématiquement des figurantes à la peau claire, renforçant ainsi des standards de beauté discriminatoires. Cette hiérarchisation des carnations crée des blessures profondes, particulièrement chez les femmes noires à la peau foncée qui se sentent invisibilisées et dévalorisées. L’enjeu dépasse largement la simple préférence esthétique : il touche aux notions d’égalité et de représentation.

Dans le cas de Guy2Bezbar, les accusations ont émergé dans un contexte où plusieurs artistes du rap français étaient scrutés sous cet angle. Son clip “Bébé à moi” avait déjà suscité des commentaires sur les réseaux sociaux concernant la couleur de peau de sa partenaire à l’écran. Cette hypersensibilité au sujet témoigne de l’urgence et de l’importance du débat, mais elle peut aussi mener à des jugements hâtifs.

Expression artistique et responsabilité sociale des rappeurs

Les artistes de musique urbaine se retrouvent souvent au cœur de tensions contradictoires. D’un côté, ils revendiquent une liberté totale dans leur expression artistique, de l’autre, ils sont conscients de leur influence sur leur communauté et particulièrement sur les jeunes générations. Cette responsabilité sociale est-elle compatible avec une créativité sans contraintes?

Pour Guy2Bezbar, qui a collaboré avec des artistes aussi divers qu’Aya Nakamura, Théodora ou Rick Ross, la question de la diversité semble au cœur de sa démarche artistique. Sa collaboration récente avec Théodora, qu’il suivait depuis son morceau “KONGOLESE SOUS BBL”, témoigne de son engagement pour mettre en avant des talents variés issus de la communauté noire. “Elle a une énergie qu’on n’a jamais vu, elle a un truc qui fait que… c’est elle“, explique-t-il à Billboard, soulignant l’importance de l’authenticité et de la singularité.

Cette approche inclusive de la création artistique contraste fortement avec les accusations de colorisme dont il a fait l’objet. Elle soulève une question essentielle : comment juger équitablement un artiste entre ses déclarations d’intention, ses collaborations réelles et les perceptions du public?

Une prise de parole nécessaire pour tourner la page

En choisissant de s’exprimer publiquement trois ans après les faits, Guy2bezbar franchit un cap important dans sa carrière. “Ce n’est pas parce qu’on est des artistes et qu’on ne dit rien qu’on s’en fiche“, affirme-t-il, rappelant que derrière l’image publique se cache un être humain avec ses émotions et ses blessures. Cette humanité retrouvée dans la prise de parole contraste avec le personnage souvent caricaturé sur les réseaux sociaux.

Le rappeur affirme explicitement que l’incident tel que décrit n’a jamais eu lieu : “Sachez que ça n’a jamais existé. C’est méchant en vrai, je n’en veux pas à ces personnes.” Cette absence de rancœur affichée témoigne d’une maturité certaine, même si la douleur reste palpable dans ses mots. Il reconnaît que cette affaire l’a impacté durablement, mais refuse de tomber dans la victimisation ou la recherche de vengeance.

Cette approche soulève néanmoins une question : le silence initial était-il la bonne stratégie? En laissant les accusations sans réponse pendant trois ans, Guy2Bezbar a peut-être permis à une fausse information de se cristalliser dans l’esprit d’une partie de son public. Dans l’univers ultra-réactif des réseaux sociaux, attendre si longtemps peut sembler une erreur tactique, même si humainement compréhensible.

Vers une réconciliation entre l’artiste et sa communauté

Avec la sortie de son album Jeunesse dorée, qui rassemble une diversité impressionnante d’artistes de la scène urbaine francophone, Guy2bezbar semble vouloir tourner définitivement la page de cette controverse. Le projet comprend des collaborations avec SDM, La Mano 1.9, VL400, Aya Nakamura, KLN de L2B, Joé Dwét Filé et Killa Predator, démontrant sa capacité à fédérer au-delà des clivages.

Cette richesse de collaborations illustre une vision inclusive de la musique urbaine, où la diversité des voix et des styles prime sur toute forme de discrimination. En multipliant les featuring avec des artistes aux profils variés, Guy2Bezbar démontre par l’action ce qu’il affirme en paroles : son ouverture et son refus de toute forme de hiérarchisation basée sur l’apparence.

La question du colorisme continuera sans doute de traverser le monde de la musique urbaine tant que les structures sociales héritées de l’histoire coloniale n’auront pas été déconstruites. Mais des prises de parole comme celle de Guy2Bezbar contribuent à ouvrir le dialogue, à questionner les présupposés et à rappeler l’importance de la vérification factuelle avant de juger. Dans un monde où l’égalité et la représentation restent des combats quotidiens, chaque voix compte, même celle d’un rappeur de Barbès accusé à tort et qui a choisi de transformer sa douleur en opportunité de dialogue.

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