Le scandale de la créatine de Zinédine Zidane : un simple complément alimentaire ou un cas de dopage légal ? Témoin clé lors du procès de Turin, l’ancien joueur de la Juventus a admis avoir pris des doses régulières de créatine et des vitamines en perfusion, des pratiques contestées malgré leur statut légal à l’époque. Derrière ses aveux, une controverse persistante : entre justification médicale, carence en fer remise en question et méthodes à la frontière de l’éthique, plongez au cœur d’une affaire qui mélange gloire, ambiguïtés et complexité du sport professionnel.
L’affaire de la Juventus : le procès qui a mis Zidane au cœur de la tourmente
Le contexte du procès pour “fraude sportive” à Turin
En 2002, un procès s’ouvre à Turin contre deux dirigeants de la Juventus : Antonio Giraudo et Riccardo Agricola. Les faits reprochés remontent à la période 1994-1998, où le club turinois est accusé d’avoir administré des substances non interdites mais controversées pour améliorer les performances des joueurs. La justice italienne qualifie ces pratiques de “fraude sportive”, une infraction révélée par les déclarations explosives de l’entraîneur Zdenek Zeman en 1998.
L’enquête du procureur Raffaele Guariniello révèle que l’infirmerie du club contient près de 280 produits, dont des corticoïdes et stimulants. Bien que la créatine ne soit pas illégale, son usage régulier en perfusion suscite des interrogations. Le procès vise à déterminer si ces pratiques visaient à soigner ou à dopage.
Les aveux de Zinédine Zidane devant le tribunal
Le 26 janvier 2004, Zinédine Zidane témoigne en tant que témoin. Il admet avoir pris de la créatine (2 à 3 grammes par semaine) et des vitamines en perfusion (Esafosfina, Neoton) sur recommandation du staff médical. “Cela ne m’est jamais arrivé en France, ni maintenant en Espagne”, précise-t-il, circonscrivant ces pratiques à sa période à la Juventus (1996-2001).
- Prise régulière de créatine pendant les préparations physiques
- Administration de vitamines par perfusions intraveineuses
- Justification : nécessité de supporter un calendrier de 70 matches annuels
- Confirmation que ces protocoles ont cessé après son départ pour le Real Madrid
Zidane insiste sur la légalité de la créatine, affirmant à Le Monde que cette substance, naturellement produite par l’organisme, n’est pas considérée comme un dopant. Toutefois, une professeure de pharmacologie critique les perfusions répétées, les qualifiant de “dopage légal” lorsque utilisées en excès. Le tribunal s’intéresse particulièrement à cette normalisation de pratiques médicales dans le sport professionnel.
Malgré ces révélations, aucune preuve formelle de dopage n’est retenue contre Zidane. Le médecin Agricola est condamné à 22 mois de prison (relaxé en appel), tandis que Giraudo est acquitté. Cette affaire illustre les zones grises de la réglementation sportive avant l’adoption de lois italiennes plus strictes en 2000.
Créatine, vitamines et “dopage légal” : au cœur de la controverse
La créatine : un complément alimentaire qui divise
Qu’est-ce que la créatine ? Cette molécule naturelle, dérivée d’acides aminés, stimule la production d’énergie musculaire. Elle était légale dans de nombreux pays, mais son statut variait selon les régions dans les années 1990.
En Italie, où Zinédine Zidane jouait à la Juventus, la créatine était librement vendue. En France, sa commercialisation était interdite jusqu’en 2006, alors que le Comité International Olympique (CIO) ne l’avait jamais classée comme interdite.
Les controverses résident dans ses effets : augmentation de la masse musculaire, amélioration des performances en efforts intenses. En France, l’interdiction s’expliquait par des craintes liées aux scandales de dopage des années 1990 et un rapport infirmé sur des risques cancérigènes. Son autorisation en 2006 s’est faite sous pression européenne, l’EFSA validant son innocuité en 2004.
En mars 1999, Zidane avait reconnu une consommation régulière (3g, 2-3 fois/semaine) pendant sa préparation à la Juventus. Cette pratique, légale en Italie, a alimenté les soupçons de dopage en raison des divergences légales entre pays, malgré l’absence de preuves tangibles.
Les perfusions de vitamines : une pratique à la frontière de l’éthique
Zidane a aussi admis des perfusions de vitamines, notamment l’Esafosfina et le Neoton, administrés sur prescription médicale. Ces produits, censés améliorer la récupération, ont soulevé des critiques.
Non dopantes en soi, leur administration intraveineuse reste débattue. Une professeure de pharmacologie a qualifié cette méthode de “dopage légal”, visant à optimiser la performance au-delà des moyens naturels.
Substance | Statut selon le CIO (à l’époque) | Statut légal en France (à l’époque) | Statut légal en Italie (à l’époque) | Justification de l’usage |
---|---|---|---|---|
Créatine | Non-interdite | Vente interdite | Vente libre | Augmenter la masse musculaire et l’énergie |
Vitamines en perfusion (Esafosfina, Neoton) | Non-interdites | Pratique encadrée (usage médical) | Pratique encadrée (usage médical) | “Utile pour disputer 70 matches par an” |
Ces méthodes, bien que légales, posent des questions éthiques. Les perfusions, habituellement réservées à des cas médicaux graves, exposent à des risques comme l’hypermédication ou les allergies. De plus, leur efficacité sportive reste non prouvée, l’apport oral étant jugé suffisant. En 1999, des médecins suisses avaient rejeté cette pratique, la jugeant non justifiée biologiquement et potentiellement risquée.
Depuis 2007, l’Agence Mondiale Anti-dopage (AMA) interdit les perfusions intraveineuses à des fins non médicales, pour prévenir les abus. Ce cas Zidane illustre les zones grises des substances “légales”, où les limites entre soin médical et optimisation de performance restent floues.
La thalassémie : une justification médicale remise en question
L’explication de Zidane : une maladie génétique comme justification
Zinédine Zidane a invoqué une forme mineure de thalassémie pour justifier la prise de créatine et de vitamines à la Juventus. Cette maladie génétique, caractérisée par une anémie légère due à une production réduite d’hémoglobine, pouvait entraîner une carence en fer. Selon lui, ces compléments étaient nécessaires pour compenser un déficit lié à l’exigence physique du haut niveau sportif.
Les substances mentionnées, dont l’Esafosfina et le Neoton, lui étaient administrées sous perfusion pour tenir un calendrier de 70 matchs annuels. Zidane a également évoqué Pete Sampras, atteint de la même maladie, pour justifier ces soins. Bien que la créatine ne soit pas interdite par le CIO à l’époque, son usage suscitait la polémique, d’autant plus qu’elle était en vente libre en Italie, contrairement à la France.
Les doutes sur la carence en fer : l’enquête qui jette le trouble
Le livre Zidane, une vie secrète (2008) de Besma Lahouri contredit cette version : selon des sources, les examens médicaux n’ont jamais révélé de carence en fer chez Zidane. Cette incohérence alimente les doutes sans confirmer un dopage. Le procès de la Juventus, visant à distinguer soins médicaux et dopage, a mis en cause les pratiques du médecin Riccardo Agricola.
Une professeure de pharmacologie a dénoncé les perfusions à haute dose, les qualifiant de “dopage légal”. Selon elle, ces méthodes, réservées aux cas graves, n’ont “aucune différence avec le dopage” si utilisées à des fins de performance. L’affaire illustre les ambiguïtés du sport professionnel, où la frontière entre soin et dopage reste floue.
Bilan de l’affaire : entre suspicions tenaces et absence de condamnation
Le témoignage de Zinédine Zidane en 2004 devant le tribunal de Turin a ravivé un débat sur les pratiques sportives de l’époque.
Alors témoin dans un procès contre deux dirigeants de la Juventus soupçonnés d’administrer des produits dopants, le joueur a admis avoir pris de la créatine à Turin, une substance légale mais controversée.
Cette affaire, bien que jamais sanctionnée, a alimenté les suspicions autour des méthodes d’optimisation des performances dans le football professionnel.
Un contrôle suspect resté sans suite
En décembre 1997, un contrôle antidopage inopiné mené par Alain Garnier sur l’équipe de France à Tignes a révélé un taux suspect de testostérone.
Cet événement, jamais lié directement au procès de la Juventus, n’a débouché sur aucune procédure judiciaire, laissant des interrogations sur les protocoles médicaux de l’époque.
L’absence de suivi officiel contraste avec la vigilance accrue observée par la suite, illustrant les lacunes de la lutte antidopage dans les années 1990.
L’héritage du scandale : une image d’icône intacte
Pourquoi un des footballeurs les plus iconiques du XXᵉ siècle n’a-t-il jamais été sanctionné malgré ses aveux ?
La réponse réside dans le cadre réglementaire de l’époque : la créatine, utilisée librement en Italie, n’était pas interdite par le CIO.
En bref : L’affaire Zidane et la créatine
- Le contexte : Un procès pour “fraude sportive” contre la Juventus, où Zidane était témoin.
- Les faits : Aveux de prise de créatine et de vitamines en IV, uniquement pendant sa période à Turin.
- La controverse : La créatine n’était pas un produit dopant interdit par le CIO, mais sa consommation et les perfusions ont soulevé des questions éthiques (“dopage légal”).
- Le verdict : Zidane n’a jamais été accusé ni condamné pour dopage. Aucune preuve formelle de triche n’a été établie.
Cette affaire illustre la complexité de la lutte antidopage et la zone grise entre optimisation des performances et pratiques illicites. Pour aller plus loin sur le sujet, cliquez ici pour comprendre précisément pourquoi la créatine n’est pas un dopant.
L’affaire Zinédine Zidane et la Juventus reste emblématique des zones grises du dopage sportif. Témoin dans le procès de Turin pour fraude sportive, sa reconnaissance d’une consommation encadrée de créatine et vitamines, justifiée par une prétendue thalassémie, n’a jamais entraîné de condamnation. Malgré les suspicions, son héritage sportif, intact, illustre les défis éthiques entre optimisation des performances et pratiques illicites.