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jeudi 21 août 25

De l’euphorie à la désillusion : que sont devenus les NFT des rappeurs français ?

En 2021, le monde du rap français découvrait une nouvelle frontière numérique : les NFT (Non-Fungible Tokens). Trois ans plus tard, alors que le marché traverse une transformation globale, il est temps de dresser le bilan de cette aventure qui a promis l’eldorado mais n’a pas tenu toutes ses promesses.

Booba, pionnier français des NFT musicaux

Le 26 septembre 2021, Booba frappe un grand coup en annonçant la sortie d’une collection NFT révolutionnaire : 5 cartes vendues à 5000 exemplaires chacune, permettant d’accéder en exclusivité au clip de “TN”. Une première en France pour un artiste de cette envergure.

Le succès fut immédiat et retentissant. La collection affiche sold out en 5 jours, générant un chiffre d’affaires de 564 000 dollars. Plus impressionnant encore : 160 000 dollars récoltés en une seule heure !

Fort de ce triomphe, Booba récidive en décembre avec une sixième carte pour “GDC”, vendue à seulement 1000 exemplaires pour créer la rareté et maintenir la valeur.

L’écosystème NFT prend forme

D’autres rappeurs français embrayent rapidement :

  • Niska devient ambassadeur de la plateforme Yadeck avec un jeu de cartes à son effigie
  • Ziak lance ses fameux “barrettes de cryptoshit” – 500 exemplaires à 23€ et 10 “plaquettes” à 467€
  • L’Algérino, RK et Lynda autorisent la création de concerts NFT virtuels

Cette fascination s’explique parfaitement : l’auto-représentation du rappeur comme « self-made man », du cowboy qui avance en solitaire contre le système colle assez bien avec l’esprit crypto : s’affranchir du système bancaire, de l’industrie musicale, de la finance centralisée.

La chute vertigineuse

Mais la bulle éclate brutalement. Aujourd’hui, les NFT ont perdu 95% de leur valeur selon la plateforme dappGamble. Les chiffres actuels font froid dans le dos :

  • Les NFT “TN” de Booba se vendent désormais 3,1 dollars contre plusieurs centaines à l’origine
  • Seulement 1 vente dans les 30 derniers jours
  • Pour Ziak : 18 barrettes et 2 plaquettes vendues après 5 mois

Les excuses de Booba

Face à cette débâcle, le Duc reconnaît l’échec sans détour : “Désolé les gars, on s’est tous pris la douille”. Une reconnaissance rare dans le milieu qui marque un vrai tournant.

La bonne nouvelle ? Booba annonce la possible sortie en streaming des titres “TN” et “GDC” : “Je pense que je vais le débloquer si c’est validé par Anne… le peuple réclame le clip sur YouTube et le titre en stream”.

NFT 2025 : renaissance ou agonie ?

Malgré cette désillusion française, le marché mondial résiste :

  • 500 millions de dollars générés dans la musique NFT entre janvier 2024 et mai 2025
  • 7 artistes hip-hop US dans le top 20 des vendeurs NFT musicaux
  • L’intelligence artificielle s’intègre aux projets pour créer de nouvelles expériences

En 2025, les NFT offrant une réelle utilité et une valeur tangible devraient connaître une croissance significative, loin de la spéculation pure des débuts.

Bilan : innovation vs spéculation

L’aventure NFT des rappeurs français illustre parfaitement les contradictions de cette technologie. L’innovation était réelle, la promesse séduisante, mais la réalité spéculative a rattrapé les rêves d’indépendance.

La leçon est claire : l’innovation technologique doit servir l’art et les artistes, pas seulement la spéculation. Si l’épisode NFT du rap français n’a pas tenu ses promesses financières, il aura au moins ouvert la voie à de nouvelles réflexions sur la propriété numérique et l’avenir de l’industrie musicale à l’ère du Web3.

En définitive, entre grandes ambitions et désillusions importantes, cette page d’histoire restera un chapitre instructif de la révolution numérique musicale française.

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