Le rappeur marseillais Soprano vient de vivre un démarrage en demi-teinte avec son premier long-métrage “Marius et les gardiens de la cité phocéenne”. Sorti le 9 juillet dans les salles françaises, ce film d’aventure familiale peine à convaincre le public et la critique. Avec seulement 95 053 entrées en une semaine, cette comédie qui met en scène l’artiste dans le rôle-titre d’un guide touristique haut en couleur se positionne timidement au septième rang du box-office. Une performance décevante pour celui qui défend depuis des années les couleurs de Marseille dans ses chansons et qui espérait transposer cette passion au grand écran.
Soprano transforme sa passion pour Marseille en aventure cinématographique
Après une décennie de succès dans la musique, l’interprète de “Clown” franchit un cap audacieux en se lançant dans le cinéma. Dans cette production réalisée par Tony Datis, Soprano incarne Marius, un guide touristique autoproclamé “Roi de Marseille” qui promène ses clients dans un bus panoramique. L’intrigue se déclenche lorsque son véhicule tombe en panne, mettant en péril son petit commerce.
Le destin de Marius bascule quand il rencontre trois enfants du quartier qui prétendent détenir les clés d’un mystérieux trésor. Cette rencontre improbable propulse le protagoniste dans une quête périlleuse à travers les ruelles de la cité phocéenne. Le scénario mélange habilement comédie familiale et aventure, avec en toile de fond les paysages ensoleillés de la deuxième ville de France.
Un projet personnel pour redorer l’image de sa ville natale
Loin d’être un simple divertissement, ce film porte une mission plus profonde pour son acteur principal. Soprano assume pleinement son rôle d’ambassadeur de Marseille, lassé des clichés négatifs qui collent à sa ville. “Tout le monde sait que j’aime ma ville. Je la chante, je la représente partout”, confie l’artiste dans une récente interview.
Cette démarche artistique vise à contrebalancer l’image sombre véhiculée par les médias, trop souvent centrée sur les règlements de comptes et le trafic de drogue. À travers les aventures de Marius, le rappeur souhaite mettre en lumière la chaleur humaine, la convivialité et les couleurs méditerranéennes qui caractérisent authentiquement sa cité.
Des chiffres décevants qui interrogent sur la réception du film
Malgré l’enthousiasme de son créateur, “Marius et les gardiens de la cité phocéenne” affronte une réalité commerciale impitoyable. Les premiers résultats du box-office révèlent une moyenne de seulement huit spectateurs par séance, un chiffre préoccupant comparé aux 29 spectateurs par séance de “Superman”, autre sortie récente. Cette faible fréquentation place le long-métrage loin derrière les blockbusters attendus comme “Jurassic World : Renaissance” ou “F1”.
La critique professionnelle s’avère également sévère, avec une note moyenne de 1,6/5 sur Allociné. Les reproches portent principalement sur un scénario jugé prévisible et une réalisation qui manque d’originalité. Certains commentateurs saluent néanmoins l’authenticité de Soprano et sa sincérité dans la défense de son territoire, même si cela ne suffit pas à compenser les faiblesses narratives.
Une concurrence féroce dans le paysage cinématographique estival
Le timing de sortie n’a pas favorisé cette production indépendante. Lancé en plein cœur de l’été, le film se heurte à une concurrence redoutable avec des franchises établies qui monopolisent l’attention du public. “Lilo & Stitch”, bien que sorti depuis deux mois, continue de drainer plus de spectateurs que cette nouveauté marseillaise.
Cette situation illustre les difficultés rencontrées par les projets originaux face aux mastodontes hollywoodiens. Le passage de la musique au cinéma représente un défi considérable, même pour des personnalités aussi populaires que Soprano. L’artiste découvre les codes spécifiques du septième art, bien différents de ceux de l’industrie musicale qu’il maîtrise parfaitement.
L’ambition artistique face aux réalités du marché
Cette expérience cinématographique révèle la complexité du passage d’un medium à l’autre. Soprano aborde cette transition avec humilité, reconnaissant l’importance de respecter les codes du cinéma. “Je ne veux pas débarquer en me disant acteur sous prétexte que je suis connu”, declare-t-il avec franchise. Cette attitude témoigne d’une maturité artistique qui contraste avec l’accueil mitigé réservé à son premier essai.
Le projet, qui a nécessité huit années de gestation selon le réalisateur Tony Datis, symbolise la volonté de créer un cinéma populaire et accessible. Les références assumées au cinéma des années 80 visent à créer une nostalgie bienveillante, même si cette stratégie n’a pas encore trouvé son public. Les gardiens de la tradition cinématographique française observent cette tentative avec curiosité, entre bienveillance et scepticisme.