L’humoriste Bun Hay Mean s’est éteint tragiquement ce jeudi matin à l’âge de 43 ans, suite à une chute mortelle de huit étages depuis son appartement parisien du XVIIe arrondissement. Né en 1981 en Gironde d’une mère chinoise et d’un père cambodgien, cet artiste qui s’était lui-même surnommé le “Chinois marrant” laisse derrière lui une œuvre marquante. Cette disparition brutale plonge le monde du spectacle dans une profonde tristesse.
Un accident dramatique
D’après les premiers éléments de l’enquête, la mort de l’artiste serait accidentelle. Selon Philippe Delmas, son producteur, Bun Hay Mean tentait de récupérer son téléphone portable tombé dans la gouttière de son balcon lorsqu’il a glissé et chuté.
« D’après les éléments en notre possession, c’est juste avant son départ, et en essayant de récupérer son téléphone tombé dans la gouttière de son balcon, que Bun a glissé et fait une chute de plusieurs étages », a-t-il expliqué.
Le téléphone a effectivement été retrouvé dans la gouttière par les enquêteurs, qui ont également constaté la présence d’un cendrier au bord de la fenêtre. Le parquet de Paris a ouvert une enquête en recherche des causes de ce décès, privilégiant désormais la piste accidentelle.
Des débuts difficiles et une détermination à toute épreuve
Surnommé le “Chinois marrant”, Bun Hay Mean avait conquis le public français grâce à son humour noir acerbe et son débit mitraillette. Figure de la scène du stand-up francophone, il jouait en partie sur son physique et les stéréotypes racistes pour accéder au succès. Mais derrière cette réussite se cachait un parcours semé d’embûches.
Arrivé à Paris en 2006, ce natif de Lormont avait grandi à Bordeaux et s’était d’abord tourné vers une licence d’informatique avant de se consacrer pleinement à l’humour. Un pari risqué qui l’avait mené à connaître la grande précarité, dormant parfois dans la rue même lorsqu’il commençait à percer sur scène. Il aimait rappeler que ses parents avaient séjourné dans des centres pour réfugiés à leur arrivée en France.
En 2018, il se souvenait de ses années de galère avec autodérision :
« Je n’avais plus un centime, alors je suis allé voir trois gars qui zonaient sur un banc en leur disant: “Si je vous fais rire vingt minutes, vous me dépannez de 5 euros ?” Ils m’ont envoyé chier, mais j’ai parlé, parlé, et je suis reparti avec 10 euros. »
Une consécration progressive
En 2014, Bun Hay Mean se fait connaître au sein du Jamel Comedy Club, repéré par Alais Degois. L’année suivante, il fait sa première apparition au Montreux Comedy Festival, marquant une étape importante dans sa carrière. Il s’était fait remarquer par sa capacité à dézinguer les clichés et les poncifs sans complexe ni retenue. Il enchaîne ensuite les spectacles, notamment “Chinois Marrant”, “Le Monde appartient à ceux qui le fabriquent”, et “Tous Ego”, qui lui offrent une notoriété grandissante dans le milieu de l’humour français.
Une reconnaissance tardive mais éclatante
Le grand public avait découvert Bun Hay Mean en 2023 dans “Astérix & Obélix : l’Empire du milieu”, où il donnait la réplique à Vincent Cassel et Manu Payet dans le rôle du méchant. Cette apparition cinématographique avait constitué un tournant dans sa carrière, lui apportant une visibilité nationale.
« Ce qui me fait bizarre, c’est de me dire que dans vingt ans, je passerai encore à la télé », confiait-il alors.
Des derniers mois difficiles
Malgré ce succès, l’humoriste traversait une période compliquée ces derniers temps. Après une pause liée à des problèmes de santé en 2022, il préparait un nouveau spectacle intitulé “Kill Bun” avec un retour imminent prévu sur scène. Le lancement de ce troisième spectacle s’était déroulé dans un contexte chaotique, et l’artiste, décrit comme “en souffrance”, avait été hospitalisé à La Réunion en marge d’une date de tournée.
Il était récemment remonté sur scène avec ce nouveau show et devait se produire ce vendredi soir à Montréal, au Canada. Cette date ne verra malheureusement jamais le jour, marquant la fin brutale d’une carrière prometteuse qui aura marqué l’humour français par son originalité et sa sincérité décapante.